Anik Routhier
Enseignante – Techniques d’éducation à l’enfance
cours Action éducative et expérimentation
Cégep Marie-Victorin
Le rôle de l’enseignant en classe inversée passe d’animateur à guide. En ce qui me concerne, cela m’a amenée à devoir redéfinir mon rôle, et surtout à revoir comment me valoriser et me sentir compétente comme enseignante. Je m’explique.
Bien que je sois une enseignante très structurée dans ma manière de gérer mes cours, je considère que ma principale force est ma capacité de créer du plaisir et une ambiance décontractée en classe. Lorsqu’on enseigne le soir, encore plus, cela s’avère nécessaire, car les étudiants ont été en stage ou au travail durant la journée, alors il est essentiel de susciter et de maintenir l’intérêt du groupe tout au long de la soirée. Mon côté « clown » ou théâtral, de même que les activités ludiques que je propose tombent donc à pic, dans un tel contexte.
Or, il est très difficile d’exporter cela dans la pédagogie inversée. Certes, je pourrais créer des vidéos teintées d’humour (mais j’avoue que sans public, cela m’a semblé plus difficile), mais je ne peux malheureusement pas animer des jeux à distance. Le plaisir que la classe éprouve dans les interactions humaines, le jeu et l’humour partagé ne peuvent être vécus à la maison, lors de l’appropriation de la matière.
Par conséquent, en testant la classe inversée dans sa forme la plus pure, c’est-à-dire en créant des périodes d’exercices pratiques en classe, dans lequel j’exerçais un rôle de soutien et non d’animation, je me suis sentie comme si je perdais mon essence principale d’enseignante. En d’autres termes plus québécois, je me sentais plus «plate». Mon approche chaleureuse avec les étudiantes, alors que je répondais à leurs questions ou leur donnais un coup de pouce lors de leurs travaux pratiques, était toujours appréciée, mais j’avais l’impression qu’une partie du prof en moi était absente, et cette partie me manquait.
J’en conclus qu’en reprenant le concept de classe inversée, je me permettrai davantage de mélanger les stratégies. Par exemple, j’entrecouperai les cours pratiques par des animations d’activités ludiques et pédagogiques, pour que l’animatrice en moi trouve son compte, et que mes étudiantes aient des moments d’action dans lesquelles elles s’amusent tout en apprenant. L’équilibre ainsi créé me semble optimal.